Chut c’est un secret avec Gaëlle Josse

secrets d'écrivains par bénédicte junger

Gaëlle Josse est une de ces plumes qui se reconnait aux premiers mots, aux premiers mouvements du texte. Son univers est poétique, fragile, triste parfois. Le drame n’est jamais loin que ce soit dans les silences, les non-dits ou les absences. Son dernier roman Le dernier gardien d’Ellis Island, sous couvert historique, tisse une histoire profonde de renoncement et d’amour (de son travail, de son pays et d’une femme). J’ai aussi beaucoup aimé Nos vies désacordées. J’ai rencontré et interviewé Gaëlle Josse à la médiathèque d’Hautepierre à l’automne 2014. Aujourd’hui, elle répond à ce petit questionnaire. Merci à elle.

Gaëlle Josse

1. Comment êtes-vous venue à l’écriture? D’où vous en vient l’envie?

Je suis arrivée tard à l’écriture créative, construite, même si j’ai toujours pris des notes dans des carnets et « pratiqué » l’écriture dans l’exercice de mon métier rédactrice, et c’est par la poésie que j’ai commencé. Des formes brèves, la force des mots, des images, des sonorités, des rythmes, la puissance des ressentis, la fulgurance de l’instant… Puis c’est avec la découverte du tableau hollandais d’Emmanuel de Witte, qui a déclenché l’histoire des Heures silencieuses, que je suis arrivée à la fiction.

J’ai envie de proposer une voix, un regard, une façon de ressentir le monde, l’autre, la vie, de partager des questionnements, quelques angoisses, quelques obsessions. Que faisons-nous de nos vies ? Quelle est notre juste place ? Quels sont nos choix, nos errances, nos joies, nos regrets ? C’est par l’écriture que j’essaie d’approcher ces questions qui me sont essentielles.

2. Quel est votre plus beau souvenir d’auteur?

Je ne peux pas me limiter à un seul, tant j’ai vécu de moments forts avec mes livres. Je pense par exemple à un atelier théâtre en hôpital psychiatrique autour de Nos vies désaccordées (dont une partie se passe dans un tel endroit). Je pense à certains messages, courriers de lecteurs bouleversants ; j’ai aussi le souvenir d’une rencontre en librairie avec le concours de cinq chanteurs et musiciens qui avaient composé un vrai programme musical en relation avec l’univers des livres. Je pense à des lectures musicales que j’ai faites, avec une jeune claveciniste italienne, à Versailles, pour les Heures silencieuses, avec une amie pianiste russe pour Noces de neige. Grand souvenir aussi que celui de la remise du Prix de l’audiolecture pour Nos vies désaccordées, attribué par un jury de non-voyants. Récemment j’ai rencontré pour Le dernier gardien d’Ellis Island des lycéens à Cherbourg à la cité de la Mer, lieu de départ des transatlantiques pour New York. Atmosphère de mer, de départ, salle des pas perdus et salle des bagages intacte. Émotion forte. Et tant d’autres….

 3. Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas »?

Très vrai, tragiquement vrai peut-être. Ou heureusement vrai ? La littérature, comme tous les arts, donne à la vie une autre dimension, une autre saveur, l’éclaire, la dilate, la met en perspective, en résonance avec le monde, l’épanouit, la démultiplie, l’enrichit.

Et pourtant, ce que nous vivons demeure essentiel, ce quotidien que nous conduisons comme nous pouvons, dans le temps et l’espace qui est le nôtre, dans les relations avec ceux que nous croisons ou avec qui nous vivons. Entre l’écriture et la vie, c’est certain, je choisis la vie. Mais fort heureusement, il y a des passerelles entre les deux, à inventer sans cesse !

4. Quel livre aimez-vous offrir?

Cela varie au gré de mes enthousiasmes et de mes découvertes. J’ai beaucoup offert La nuit tombée, d’Antoine Choplin, un tout petit livre d’une immense et bouleversante humanité, un des livres qui m’ont le plus marquée dans mes lectures de ces dernières années. Magnifique.

  5. Quels sont vos projets littéraires?

Il y aura un nouveau titre en librairie en janvier 2016, toujours chez Noir sur Blanc/Notabilia. Et j’aimerais bien aussi voir publier un jour un ensemble de fragments auquel je tiens, même si c’est un registre plus confidentiel. On verra bien…

6. Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre? Souhaitez-vous ajouter quelque chose?

Juste dire ce qui m’a tellement surprise, et finalement tellement comblée dans cette aventure d’écrire, c’est cette curiosité, dans le bon sens du terme, des lecteurs envers l’auteur, cette forte demande d’échanges. Cette découv

erte d’une vie intense autour des livres, grâce aux libraires, aux bibliothécaires, aux cercles de lecteurs, aux blogueurs… De la passion, de l’attention, du désintéressement, du vrai partage, des moments forts à vivre et de belles relations qui se tissent. C’est un cadeau auquel je ne m’attendais pas.

 7. J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier?

Hum, si je vous le dis, ce ne sera plus un secret alors !

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2 commentaires sur « Chut c’est un secret avec Gaëlle Josse »

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