Chut c’est un secret avec Fanny Mentré

secrets d'écrivains par bénédicte junger

Fanny Mentré une pétillante auteure que j’ai rencontré à l’occasion d’une conversation à la librairie Kléber. Elle a publié un premier roman Journal d’une inconnue sous la forme du journal intime où une ménagère de moins de 50 ans fait part de ses doutes, ses joies et ses frustrations. Merci à elle d’avoir répondu à mes questions avec autant d’humour.

Fanny Mentré en dédicace

© Bénédicte Junger

1. Comment êtes-vous venu(e) à l’écriture? D’où vous en vient l’envie?

Par amour. Des rencontres avec des livres, des mots d’écrivains que j’apprenais par cœur, que je répétais en boucle et dont je sentais qu’ils me transformaient, ouvraient des espaces insoupçonnés.
Ça n’a pas changé : l’écriture, pour moi, ça passe par le corps. C’est un engagement de tout son être.

Pour en dire plus :
Dans mon enfance, on m’a souvent demandé de fermer mon livre parce qu’on était « à table »… alors que la télévision était allumée en permanence. Je n’aimais pas la télé, mais j’aimais les acteurs.
A onze ans, j’ai lu Lorenzaccio d’Alfred de Musset et j’ai été fascinée par ce personnage : son désir de changer le monde, son horreur de devoir tuer pour le faire, devoir tuer la personne dont il a fini par gagner la confiance, la personne qui l’aime et qu’il a lui-même fini par aimer…
Toutes ces mises en abîme…
J’étais bouleversée par ce personnage, ses contradictions, son regard sur lui-même et sur le monde, son engagement, ses questionnements…
J’ai grandi dans un HLM en bordure du périphérique parisien. Je parlais verlan en bas de l’immeuble et je lisais Racine sous les draps avec une lampe de poche…
Ce qui me fascinait, c’était de voir à quel point la langue pouvait être si différente d’un livre à l’autre. Les mots, c’était l’endroit de tous les possibles. Tout peut s’écrire, se réécrire. Il n’y a pas de code qu’on ne puisse remettre en question. Puisqu’une telle liberté existait, je voulais la vivre et la transmettre.
Je voulais faire du théâtre… J’ai écrit ma première pièce à 13 ans… que j’ai jetée comme toutes celles que j’ai écrites avant Un paysage sur la tombe, en 1993. Depuis, j’en ai écrit une quinzaine… Je fais du théâtre… Journal d’une inconnue est mon premier roman.

2. Quel est votre plus beau souvenir d’auteur?

Chacune des fins : être allée au bout d’un texte. Chacun des recommencements : avoir l’honnêteté de presque tout jeter et me remettre au travail. Du coup : chacune des fins…
Et les acteurs, les spectateurs, les lecteurs, les rencontres.
Le vivant.

3. Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas »?

La vie ne suffit pas et l’écriture non plus.
Pessoa s’est inventé plusieurs noms, plusieurs vies. Les écrivains sont des ogres fous et sages. Sages parce qu’ils écrivent dans le silence. Fous parce qu’ils espèrent faire de leurs lecteurs des ogres. On bouffe de la liberté, quand on écrit, on s’invite au banquet de tous les possibles, on bouffe du vaste, de l’espace, on bouffe tout ce qu’on a été pour renaître à soi-même. On est question. On est son propre monde et on se transforme… De là à penser qu’on peut changer le monde…

4. Quel livre aimez-vous offrir?

En ce moment, le mien. Parce que j’ai reçu mes « exemplaires d’auteur ».
Sinon, Les vagues de Virginia Woolf, La Maladie de la mort de Duras, Le Bois de la nuit de Djuna Barnes, La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, Où j’ai laissé mon âme, de Jérôme Ferrari, Liquidation d’Imre Kertész…
J’offre aussi parfois Les Particules élémentaires à ceux qui disent « ouais, mais bon, Houellebecq… » évidemment sans l’avoir lu…

5. Quels sont vos projets littéraires?

Un roman auquel je travaille depuis 2013. Je m’y accorde la liberté d’y faire se croiser plusieurs styles. Une correspondance se mêle au récit, qui est lui-même constitué de plusieurs points de vue… Tout ce que je peux en dire c’est que j’y travaille, j’y travaille…

6. Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre? Souhaitez-vous ajouter quelque chose?

Oui, j’aurais aimé que vous me demandiez s’il y avait une question que vous ne m’avez pas posée à laquelle j’aurais aimé répondre et si je souhaitais ajouter quelque chose… Mais finalement ce n’est pas plus mal que vous ne m’ayez pas demandé cela car je n’aurais pas su quoi répondre (du moins en quelques lignes)…

7. J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier?

Tout est secret. Mais je peux vous confier l’un des moins importants, mon code de carte bancaire : 8473.

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