Présentation de l'éditeur : "Il est parti, il a enfilé son caban avant de mettre son bonnet. Pourquoi n’ai-je pas essayé de le retenir ? Quand il s’est levé, j’ai gardé les mains dans les poches de mon manteau. J’hésitais à lui proposer d’aller chez moi pour faire l’amour une dernière fois. Un à un, il fermait les boutons de son caban que, d’habitude, il ne ferme pas. Celui du milieu, frappé d’une ancre de bateau, était tombé depuis longtemps. « Je vais rester un peu. » J’ai commandé une coupe de champagne. Elle pensait que c’était le bon, mais il la quitte. Restée seule dans un café, une jeune femme revit les derniers mois de son histoire d’amour, et la relation fusionnelle qu’elle entretient avec son père depuis l’enfance. Deux passions très différentes, qui vivent dans un seul cœur."
Diane Brasseur est franco-suisse. Après des études de cinéma à Paris, elle devient scripte et tourne, entre autres, avec Albert Dupontel, Olivier Marchal et Abd Al Malik. Son premier roman Les fidélités est un monologue intérieur d’un homme mûr qui s’oblige à un choix impossible entre sa femme et sa maîtresse.
Ce deuxième roman aborde encore une fois la question de l’amour. Y a-t-il un lien, un rapport entre l’amour paternel et l’amour de son petit ami? Peut on avoir deux hommes de sa vie dans une seule vie de jeune femme?
« Tous les hommes dont je tombe amoureuse portent la barbe pour que mon désir s’y accroche comme à la bande Velcro d’une fermeture à scratch. »
Diane Brasseur dresse un très joli portrait d’une narratrice qui lui ressemble, une jeune trentenaire ayant passé son enfance à Strasbourg. La narratrice n’a vécu qu’avec un seul homme : son père. Quand elle rencontre le bon, l’élu, celui dont il ne devrait pas y avoir de suivant, elle ne peut s’empêcher de dresser un parallèle entre son père et son amoureux.
Dans ce roman construit de souvenirs d’enfance et de souvenirs de son histoire avec son amoureux qui « ne veut pas d’une passion », ressort une grande nostalgie et une délicatesse fort jolie.
« Trop près on se dispute, trop loin on se manque. »
Diane Brasseur a le sens de la formule et le mot juste. Organisant son roman avec des chapitres et des envolées réflexives dans certains passages, un bel équilibre se dégage de l’ensemble et berce et bouscule, en même temps, le lecteur. Ce roman interroge sur les liens invisibles qui se tissent au delà de toute de conscience, au delà de toutes frontières, au cœur du foyer familial et au dehors, loin de tous repères, dans la grande comédie de la vie.
« Le risque quand il y a tant d’amour, c’est de se rater. »
Cette jeune auteure signe un roman de l’amour perdu qu’elle déroule avec une infinie tendresse et maturité des sentiments. Une plume à suivre, sans aucun doute.
Diane Brasseur, Je ne veux pas d’une passion, Allary, août 2015, 240 pages, 17.90 euros
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