Emilie Frèche est une auteure pour adulte et la jeunesse, scénariste et éditrice (Les éditions du Moteur). Toujours très inspirés de sa vie personnelle, ses romans abordent la question de l’identité, la difficulté des rapports familiaux et amoureux. Elle a par ailleurs signé deux documents sur l’affaire Ilan Halimi, « La Mort d’un pote » et « 24 Jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi ». Celui-ci fera l’objet d’un film avec Pascal Elbé et Zabou Breitman réalisé par Alexandre Arcady dont elle signe avec lui le scénario.
J’ai rencontré Emilie, il y a quelques temps de cela avec son très drôle roman Chouquette où elle montre toute la complexité des rapports mère/ fille. C’est aussi un roman sur la peur de vieillir et lutte contre le temps. Elle vient de publier Un homme dangereux qui est selectionné sur la première liste du Prix de Flore. Un roman sur la domination masculine et la fascination féminine comme un cri où la rage de vivre et l’urgence d’écrire emportent tout sur leur passage.
- Comment êtes-vous venu(e) à l’écriture? D’où vous en vient l’envie?
Je ne sais pas. Quand je revois des gens avec qui j’étais au collège – j’avais donc 11, 12, 13 ans – ils me disent « c’est dingue, tu te rends compte, tu écrivais déjà à cette époque! ». Je n’en ai pas le souvenir, sinon que j’avais un besoin très fort de m’exprimer à travers l’art, mais je crois que ce n’était pas spécifiquement l’écriture. Je dessinais beaucoup, je faisais des photo-montages, des collages…
- Quel est votre plus beau souvenir d’auteur?
Le jour où, encore étudiante, j’ai reçu un appel de Ramsay pour me dire qu’ils avaient lu mon manuscrit envoyé par la poste et qu’ils voulaient me publier. C’était comme si, dans la chambre obscure où je me trouvai mentalement depuis des années, on avait ouvert une fenêtre et qu’un soleil de midi, éblouissant, m’avait éclaboussé.
- Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas »?
Pour moi, la littérature, ce n’est que de la vie. C’est le pouvoir de récréer du présent. Et donc de l’éternité. - Quel livre aimez-vous offrir?
Ceux qui me permettent de dire quelque chose à celui ou celle à qui je l’offre.
- Quels sont vos projets littéraires?
Je réfléchis à mon prochain roman, déjà. Je voudrais travailler sur la question du territoire et du « vivre-ensemble », ce mot nouveau qu’on entend sur toutes les lèvres, et qui me semble tellement compliqué à atteindre, tant sur le plan privé que sur le plan politique… Mais je n’en suis qu’au tout début.
- Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre? Souhaitez-vous ajouter quelque chose?
Pourquoi écrivrez-vous, peut-être ? C’est une question à laquelle je peux répondre depuis très peu de temps, en fait… Et cela a évolué. Au début, oje crois qu’onn écrit tous un peu pour être aimé, vu, reconnu, pour trouver sa place dans le monde…. Et puis ce besoin s’efface pour laisser apparaître la raison véritable qui vous pousse à passer deux, trois, quatre ans derrière un ordinateur alors qu’il n’y a aucune nécessité à cela, que personne n’a « besoin » de votre texte et que celui-ci, bien sûr, ne changera pas le monde. Eh bien, cette chose, chez moi, c’est l’insoumission. Oui, je crois que j’écris pour ne pas me soumettre. Pour ne pas me résigner, accepter. Et mes livres m’offrent ce cadeau inouï de me rendre à chaque fois un peu plus libre.
- J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier?
Plus j’écris et plus c’est dur. Plus je me demande si j’arriverais au bout de l’entreprise. Un livre n’est jamais gagné d’avance. Du coup, le fait même qu’il existe est une source de réjouissance inouïe.
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