Présentation de l'éditeur : "« Fable d’amour, écrit Moresco, raconte une histoire d’amour entre deux personnages qu’il serait impossible d’imaginer plus éloignés : un vieux clochard qui ne se souvient plus de rien et qui a pratiquement perdu la raison, et une fille merveilleuse. C’est l’histoire d’une de ces rencontres qu’on croit impossibles mais qui peuvent avoir lieu dans les territoires libres et absolus de la fable, et aussi quelquefois dans la vie. » Fût-il le plus pur, l’amour a-t-il vocation à durer ? Mais puisque l’amour est sans pourquoi, doit-on chercher plus d’explications à ce qui le tue qu’à ce qui le fait naître ? Et si la fable était le seul mode pour raconter aujourd’hui la puissance d’aimer ?"
Antonio Moresco est né en 1947. Italien, il écrit des romans toujours courts mais d’une puissance émotionnelle très forte. Entre exigence littéraire et simplicité, c’est une des plumes marquantes de ces dernières années.
Avec Fable d’amour, il signe un roman fort et délicat, touchant aux fondements de l’homme. Il raconte une fable, une histoire impossible entre un vieux clochard au regard éteint et une jeune femme belle, pleine de vie. Ces deux âmes très proches dans leur sensibilités vont se retrouver, se reconnaitre et s’élever l’une, l’autre. Mais il faudra en passer par des tourments et cultiver l’espoir de peut être de se retrouver de l’autre coté du miroir.
Le vieux clochard tour à tour sauvé puis rejeté est un personnage terriblement attachant de par sa fragilité et sa lucidité. Oser croire est-ce déjà se mentir un peu?
« Il souffrait de la perte de son amour mais plus encore de constater que les choses arrivent et puis c’est comme si elles n’étaient pas arrivées, qu’elle aussi alors, comme tout le monde, avait parlé avec une superficialité et une légèreté cruelles, qu’elle non plus n’avait pas été sincère, qu’elle avait prononcé des mots vides, qu’elle n’avait fait que jouer avec lui, qu’elle ne s’était pas montrée pour ce qu’elle était, qu’elle l’avait trompé, que les mots ne valent rien, que quelqu’un pouvait devenir soudainement quelqu’un d’autre, que chaque goutte de joie était toujours donnée dans un océan de douleur, qu’il n’y avait rien, absolument rien qu’on pouvait sauver, qu’il n’y avait aucune lueur de salut, de qu’il s’avait d’ailleurs depuis longtemps, même si le temps d’un instant, il avait cru que c’était possible, qu’il pouvait y avoir pour lui une petite lumière encore allumée dans le monde. »
Le pigeon du roman est touchant, et rempli tout à fait ce rôle de messager non seulement entre les deux protagonistes et mais aussi entre l’auteur et le lecteur. c’est un peu un éveilleur de conscience universelle.
« Que c’est dur toute cette douleur des vivants et aussi des morts, tous ces gens qui se cherchent et ne se trouvent pas. Que c’est dur tout cet amour impossible… Mais alors pourquoi se cherchent-ils s’ils ne se trouvent pas? Mais alors pourquoi se jouent-ils les uns des autres, pourquoi se font-ils mal, se trompent-ils, se blessent-ils, se quittent-ils, s’il doivent ensuite continuer à se chercher et à ne pas se trouver? »
La jeune femme à la beauté insolente complète cette fable d’amour qui se joue des apparences et distille le message profond et salvateur que peut être quelqu’un nous attend quelque part que ce soit dans le monde des vivants ou dans celui des morts. Mais ne sommes-nous pas parfois plus morts que vivants dans ce monde où nous vivons?
Avec beaucoup d’adresse, l’auteur philosophe et soulève des questions auxquelles il appartient au lecteur de répondre ou tout de moins de réfléchir.
Antonio Moresco, Fable d’amour, traduit de l’italien par Laurent Lombard, Verdier, août 2015, 128 pages, 14 euros