Présentation de l'éditeur : " Strasbourg. Isabella et Alberto forment un couple parfait. Ils ont résisté à la routine amoureuse et aux intempéries. Jusqu’au jour où leur fils unique leur annonce, le soir de son vingtième anniversaire, qu’il part s’installer à New York. Cette heureuse nouvelle va pernicieusement bouleverser l’équilibre familial. Si la perspective paralyse Alberto, à l’inverse, Isabella s’en réjouit. Comme libérée, elle en profite et saisit une opportunité à Bruxelles. Pour surmonter la douleur de ce double abandon, Alberto a besoin de mettre sa vie à plat, d’endiguer la dérive des sentiments.
Lorsque les certitudes sont ébranlées et l’union fragilisée, comment ne pas tout faire voler en éclats ? Alberto et Isabella sauront-ils se reconquérir ? Rattraperont-ils le temps où chaque jour qui passait les rapprochait ?
Un roman qui capte les émotions passagères avec justesse et finesse."
Eric Genetet est journaliste, il a fait ses débuts à la radio avant d’intégrer le monde de la télévision où il était chroniqueur sportif. En 2005, il publie son premier roman « Chacun son Foreman ». Trois ans plus tard, il change de registre en publiant « Le Fiancé de la lune ». En 2013, il publie deux romans « Solo. L’homme qui avait peur d’aimer » chez Le verdier et « Et n’attendre personne » chez Héloïse d’Ormesson.
Et n’attendre personne est l’histoire d’un couple usé par le temps, les idéaux et qui voit le départ de leur fils comme un tournant dans leur histoire. Isabella et Alberto se trouvent confrontés à une crise. Se relève-t-on d’une crise de la quarantaine? Pardonne-t-on un désamour passager présumé?
« Chacun semblait perdu dans ses pensées : Manuel à New York, avec sa musique, Charlotte à Paris pour la rentrée universitaire, Isabella à Bruxelles avec son directeur des programmes, je le supposais, et moi, c’était comme si j’étais toujours dans le massif du Mont-Blanc, suspendu à cette corde, au-dessus du vide. »
Dans ce roman, il est question de liberté, de désir, d’autres possibilités de vie avec en toile de fond Strasbourg que l’on prend plaisir à découvrir dans un roman (tout comme c’était d’ailleurs le cas dans L’Autre de Sylvie Le Bihan).
Eric Genetet évoque avec subtilité l’impact de la psychogénéalogie sur ses personnages riches en frustrations et en envies. Focalisé du point de vue d’Alberto, le roman évoque l’enfance et l’absence douloureuse d’un père en filigrane tout au long du drame du départ du fils unique vers sa propre vie.
« Rétrospectivement, j’avais le sentiment d’avoir manqué de tout. D’amour surtout, c’était comme si je ne l’avais pas connu. J’avais des doutes sur ma propre identité. J’étais incapable de savoir si j’allais bien ou mal. J’ignorais tout de moi, de la pluie, du beau temps, des ombres qui aveuglent et mettent des coups de pied au cul. Je ne savais pas que le langage est une matière brute, un diamant, que chaque mot que l’on prononce est la traduction de la pensée. »
Son fils, Manuel part pour New York accomplir quelque part le vieux rêve américain de son père. C’est touchant mais rien ne va plus depuis ce départ. Alberto se fait licencier et entame une dépression insidieuse que même une jeune femme ne pourra guérir par ses charmes.
« Mes efforts pour masquer ma panique restaient vains. Je paradais dans le vide, je défilais sur tous les chars du carnaval de ma vie décolorée. »
Eric Genetet épure et stylise ses phrases. Son style est sec et direct, il souligne très bien le caractère de son personnage principal, lui aussi authentique. J’ai aimé ce parcours d’homme mûr à la croisée des chemins. Si ce roman rappelle curieusement la forme d’un bilan à mi-vie, il est bien plus et saura vous surprendre par les secrets qu’il entretient jusqu’aux toutes dernières pages.
Eric Genetet, Et n’attendre personne, Héloïse d’Ormesson, janvier 2013, 160 pages, 17 euros
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