Présentation de l'éditeur : "En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses... Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination? Récit d’une enquête littéraire pleine de suspense, cette comédie pétillante offre aussi la preuve qu’un roman peut bouleverser l’existence de ses lecteurs."
David Foenkinos est un auteur à l’univers particulier, à la fois drôle et grave, délicat qui flirte souvent avec le drame. Après avoir redonné vie à Charlotte Salomon, cette jeune peintre juive allemande assassinée lors de sa déportation alors qu’elle était enceinte et à qui il vouait une admiration au bord de l’obsession depuis plus de dix ans, il s’attache avec Le mystère Henri Pick à sortir de l’oubli les manuscrits que personne ne veut publier. En 2007, il publiait déjà un roman autour du thème de l’existence dans le milieu littéraire. Qui se souvient de David Foenkinos avait alors reçu un accueil timide de cet auteur encore peu connu. Aujourd’hui, hors d’atteinte d’un éventuel oubli médiatique, il creuse ce même thème et publie un roman construit comme une enquête littéraire où l’on retrouve tout le charme de sa plume et de ses personnages attachants.
Ce 15e roman se déroule entre Paris et l’Ouest de la France, région chère à l’auteur puisqu’il l’avait déjà évoquée la Normandie, à Etretat dans Les Souvenirs et la Bretagne dans La Délicatesse. Ces va et vient entre deux lieux avaient donné quelques moments d’anthologie autour d’un café imbuvable dans une infâme station service. Il y aura aussi de ces moments là, dans ce nouveau roman. Les deux polonais qui apparaissent dans chaque roman comme un fil conducteur dans l’oeuvre de David Foenkinos feront ils leur grand retour après leur éviction de Charlotte?
Le mystère Henri Pick met en abyme la découverte d’un manuscrit : Les dernières heures d’une histoire d’amour et décrit aussi l’incroyable aventure de tout jeune écrivain qui cherche à se faire publier. S’appuyant sur de solides personnages aux caractères bien trempés, l’auteur déroule le fil d’une intrigue littéraire où le rôle d’Hercule Poirot est tenu par Jean-Michel Rouche, un critique littéraire déchu et désabusé dans un monde de l’édition sans pitié.
« Comme si la reconnaissance consistait à être compris. Personne n’est jamais compris, et certainement pas les écrivains. Ils errent dans des royaumes aux émotions bancales, et, la plupart du temps, ils ne se comprennent pas eux-mêmes. »
David Foenkinos reprend l’idée de Brautigan développée dans son roman L’avortement, qui parle d’une bibliothèque des livres refusés. A Crozon, avec toute la dimension symbolique que ce bout de fin de terre peut évoquer, Jean-Paul Gourvec crée une réplique de cette bibliothèque des manuscrits refusés. Il reçoit alors nombre d’auteurs venus déposer en main propre leur manuscrit dans ce temple des livres (se déplacer en personne étant l’unique obligation pour y trouver place) et il explique à sa jeune collègue sa future mission : devenir « la mère Teresa des écrivains ratés ».
« Il a fait des échecs des autres sa propre réussite. »
Difficile d’ébaucher l’histoire de ce roman sans en dévoiler les rebondissements et les nombreux effets. Le personnage central est le feu Henri Pick, auteur d’un manuscrit refusé qui une fois retrouvé et publié, est encensé non pas spécialement pour le contenu de son roman mais plutôt pour son incroyable histoire de pizzaiolo auteur. Un vent de curiosité souffle autour de cet auteur en K, clin d’oeil à Kafka, Kerouac, Kundera qu’apprécient non seulement un personnage du roman, mais aussi David Foenkinos lui-même.
« Les lecteurs se retrouvent toujours d’une manière ou d’une autre dans un livre. Lire est une excitation totalement égotique. On cherche inconsciemment ce qui nous parle. Les auteurs peuvent écrire les histoires les plus farfelues ou les plus improbables, il se trouvera toujours des lecteurs pour leur dire : « C’est incroyable, vous avez écrit ma vie! » «
Avec pour toile de fond, le monde de l’édition et son lot de journalistes (François Busnel et son « enthousiasme »), d’auteurs (Laurent Binet, Philippe Jaeneda, Michel Houellebecq) et d’éditeurs (Grasset, Gallimard), ce roman m’a fait pensé au très remarqué D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan qui parle lui aussi de la création et de cette frontière si mince entre fiction et réel.
« D’une manière générale, notre époque traque le vrai derrière toute chose, et surtout la fiction. »
David Foenkinos revient 20 mois après son grand succès avec un roman fidèle à son oeuvre. On retrouve toute sa malice et sa joie de vivre à travers des personnages en devenir, imparfaits, libres et heureux où l’on sent les résurgences de ses Nathalie, Bernard et Markus. Hymne à la lecture, au plaisir de lire et de s’évader, ce roman est aussi une déclaration pour la liberté de création de l’écrivain et le droit d’être aimé pour ce que l’on est.
David Foenkinos, Le mystère Henri Pick, Gallimard, avril 2016, 288 pages, 19,50 euros
Je suis justement en train de lire Charlotte et j’aime beaucoup. J’ai aussi lu La Délicatesse et en Cas de Bonheur. Je pense que je vais continuer ma découverte de cet auteur… car j’aime beaucoup son style. Donc ce titre va rejoindre ma PàL un jour ou l’autre. 🙂
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Un manuscrit tiré de la bibliothèque des refusés: Visas intérieurs, Jean Modin (ebook gratuit)
http://www.atramenta.net/lire/visas-interieurs/58130
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J’aime beaucoup Foenkinos. Charlotte fut une aventure pour moi, il m’a transmis sa passion. Avec Henri Pick, il est revenu à son style de prédilection, tout en se renouvelant ! Une top histoire !
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