Présentation de l'éditeur : "Sa mère les a quittés. Elle n'est plus qu'une question, une question sans réponse, glaciale. Après l'abandon maternel, Mariano est confié à son père, inspecteur de police, qui lui préfère largement la bière. Face au désespoir de ce dernier, Mariano se réfugie dans ses rêveries, ses amitiés avec les " durs " du lycée, et surtout sa passion, le sport, incarnée par un homme : Yannick Noah. Nous sommes en juin 1983 et Mariano trépigne d'impatience, Noah va jouer la finale de Roland Garros ! L'excitation est à son comble, mais c'était sans se douter que cette journée, bien au-delà de l'exploit sportif, changera le cours de sa vie... "
Eric Genetet publie un roman profond et touchant. Il écrit en funambule sur le fil de l’émotion sans Tomber dans le pathos et les discours vus et revus sur l’enfance.
Mariano Pfeiffer est un jeune garçon de 13 ans. Il se construit contre comme beaucoup d’enfants contre et en réaction aux adultes. Mariano possède en plus la particularité de se construire par l’absence, le vide. Sa mère a en effet quitté le domicile conjugal le laissant seul avec son père. Cet abandon est un cataclysme. Il survient juste après une consultation chez le docteur Fuchs qui pose l’imposant diagnostique de dyslexie.
« Je venais d’avoir douze ans, j’étais un confetti. Celui qui reste au fond du paquet quand la fête est finie. »
Ce jeune garçon, à la tête bien sur les épaules, pose un regard sur le monde qui l’entoure à la fois naïf et plein de maturité. Épaulé par sa grand-mère, son ami Laurent Muller et son chien Dago (qui ne manquera pas d’évoquer à certains d’entre vous le « Dagobert » de la série du Club des cinq), il cherche ses repères malgré un père complètement dépassé par les événements.
« Je ne pleure jamais devant lui. Je suis presque un homme. Un homme ne pleure jamais. Il me l’a assez répété. Cela ne change rien de toute façon, parce qu’il ne verrait pas mes larmes, ou, plus précisément, il ferait semblant de ne pas les voir. Il ne sait pas comment s’y prendre avec moi. Ma mère est partie avec la notice qu’elle n’utilisait elle-même que très peu. »
Le roman s’articule autour de cinq parties et deux axes narratifs, le premier en 1983, dans les jours qui précèdent la rencontre la finale historique entre Noah et Wilander, le second qui est composé de souvenirs d’enfance racontés par Mariano devenu adulte. Le tennis tient une place centrale dans ce roman et devient le symbole de la libération de la parole de l’enfant, de la prise en main de son destin.
« Mes parents m’aiment d’un mauvais amour, un amour avec des fautes de frappe, un amour pour dyslexique. »
Ce roman se déroule en Alsace entre Wissembourg et Strasbourg, il est doux d’y retrouver quelques occurrences gastronomiques et culturelles alsaciennes.
« J’aimais la vie lorsqu’elle avait la saveur des fraises, ou des glaces deux boules vanille. Les samedis matin au marché, les commerçants, m’offraient un morceau de munster ou de presskopff. »
J’ai aimé le rythme enlevé oscillant entre gravité et légèreté, la construction, la poésie, la manière dont les désillusions de l’enfance sont exposées. Un roman à la puissance émotionnelle forte sans mièvreries et pathos. Une réussite dont les rebondissements vous laisseront coi(e)s!
Eric Genetet, Tomber, Heloïse d’Ormesson, avril 2016, 160 pages, 15 euros
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