Présentation de l'éditeur : "En avril 2000, Sylvain Côté s’enlève la vie, sans donner
d’explications. Ce garçon disparaît et nul ne comprend. Sa femme Mélanie s’accroche
férocement à leur fils Stéphane ; son père Vincent est parti se reconstruire près des
arbres muets ; sa mère Muguette a laissé échapper le peu de vie qui lui restait. Seule
la si remuante et désirable barmaid Charlène, sa maîtresse, continue de lui parler de
sexe et d’amour depuis son comptoir.
Ce n’est pas tant l’intrigue qui fait la puissance hypnotique du roman de Marie Laberge
que ses personnages, qui parlent, se déchirent, s’esquivent et luttent dans une langue
chahutée, turbulente, qui charrie les émotions et les larmes, atteignant le lecteur au
cœur."
Marie Laberge est une grande dame des lettres québécoise et l’un des grands noms de la scène littéraire francophone.
Dramaturge, romancière, comédienne et metteur en scène, elle s’est imposée en 40 ans avec des romans profondément humains, traitant avec subtilité et conviction du deuil, des séparations, de la passion amoureuse. Sa trilogie Le goût du bonheur a ravi le lectorat français et s’est vendu à plus d’un million d’exemplaire dans le monde francophone.
Ceux qui restent est son 12e roman.
Autour d’un être absent, l’entourage de cet être disparu brutalement tente de se reconstruire. Mais comment accepte-t-on qu’un proche se suicide? Comment vit-on cette situation? Et surtout comment se reconstruit on?
Marie Laberge esquisse des réponses en dressant le portrait de ceux qui restent, qui survivent au suicide incompréhensible de Sylvain.
« Je ne crois pas qu’on refuse ou qu’on accepte de vivre. Je crois que certaines circonstances alliées à un état d’esprit spécifique conduisent à des gestes définitifs… qui, à ce moment-là, ont l’air d’une solution. »
Le père, la mère, sa femme, sa maîtresse et son fils réagissent tous différemment et apprivoisent la douleur avec plus ou moins de facilité et de réussite. Intimement mêlés, Eros et Thanatos, éclairent la réflexion des personnages et leur choix de vie. Tout est question.
« Se tuer, c’est refiler la facture à ceux qui restent.
Pis y a pas un crisse de procès qui peut te permettre de pas la payer. »
Le style de l’auteure québécoise est souple et vivant. Il s’adapte à merveille à chacun de ses personnages. Les expressions québécoises sont rafraîchissantes et apportent un petit côté authentique au roman.
« Que c’est long, comprendre le bon sens… Sortir de sa peine. Je dirais la sortir de soi. »
Marie Laberge signe un roman puissant sur la résilience. Elle tente de définir ce qui lie les gens et leur permet de surmonter l’insurmontable. Avec des mots truculents, tour à tour piquants ou doux, mais avant tout avec des mots qui réparent, elle invite chaque lecteur à questionner son système de valeur et sa capacité à aider ceux qui en ont besoin.
« La vie est plus vaste que ce que j’en vois. La vie est plus forte que ce que j’en perçois. La vie est bien supérieure à la piètre interprétation que j’en fais. Que ce soit dans le bonheur ou dans le malheur. Et c’est parfait comme ça »
Marie Laberge, Ceux qui restent, Stock, mai 2016, 576 pages, 22.50 euros