Christophe Ono-Dit-Biot est journaliste et écrivain mais il aime surtout la mythologie grecque, à laquelle il rend un hommage appuyé dans Croire au merveilleux. Après la merveilleuse histoire d’amour de Plonger, l’auteur nous invite à la suite des aventures de César, son double littéraire. Merci à lui d’avoir répondu avec mes questions.
1. Comment êtes-vous venu(e) à l’écriture? D’où vous en vient l’envie ?
Depuis que j’ai su écrire, je pense. J’ai toujours adoré me raconter des histoires. Avant de savoir écrire je me les parlais. Et avant de savoir parler je les écoutais. J’ai eu la chance d’avoir une enfance pleine d’histoires, qu’on me racontait ou que je lisais, entre deux parties de foot, allongé dans l’herbe, devant les champs de blé, en Normandie. Quand j’ai su écrire, j’ai eu enfin les armes pour les coucher sur le papier. Et donc les relire et les améliorer. Et je crois bien que je fais toujours pareil ! A l’époque c’était des contes, des légendes. Des histoires où les dieux et les déesses étaient toujours au rendez-vous. On retrouve ça dans « croire au merveilleux » où, à travers la relation centrale entre un père et son petit garçon, je paye ma dette à mon enfance.
2. Quel est votre plus beau souvenir d’auteur ?
Le jour où j’ai tenu entre les mains le premier de mes livres. C’était incroyablement émouvant de pouvoir humer ce « petit tas de feuilles sèches », comme dirait l’autre. Un livre pour moi, cela doit se toucher, se humer. On y entre comme on ouvre un coffre…
3. Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas » ?
Sans doute est-ce l’une des explications… Mais je ne sais pas si l’ecriture est une façon d’avoir une autre vie, ou plutôt un moyen de redoubler sa propre vie. La littérature donne la possibilité, avec la seule force des mots, de faire revenir certains moments, paysages, visages, qui s’étaient évanouis, de leur redonner vie en convoquant, dans des phrases, toutes les émotions que ces choses vous ont donné. Avec l’avantage – vous êtes après tout l’auteur – de pouvoir choisir ce que vous voulez revivre, et de distribuer les rôles, d’être qui vous voulez cette fois, homme, femme, enfant, et même une plante carnivore si vous le désirez. Pessoa que vous citez augmentait d’ailleurs le plaisir de la chose en écrivant sous différentes identités d’auteur.
4. Quel livre aimez-vous offrir ?
« La Théogonie » d’Hésiode: le livre que Nana, dans « Croire au merveilleux », choisit dans la bibliothèque de César la première fois qu’elle va chez lui. C’est un véritable manuel de mythologie et d’explication du monde, une somme de récits dingues, racontant l’apparition des dieux de l’Olympe, leur guerre contre les Titans, l’histoire de la boîte de Pandore et même la naissance d’Athéna. C’est Game of Thrones qui rencontre Star Wars. C’est aussi plein de leçons pour aujourd’hui.
5. Quels sont vos projets littéraires ?
Ecrire le prochain roman. Et faire pousser de beaux citrons juteux et parfumés sur la côte amalfitaine.
6. Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre? Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Vous auriez pu me demander si je croyais au merveilleux, mais je crois que vous avez déjà la réponse. Vous auriez pu aussi me poser une question où j’aurais répondu : la réalité est une fiction.
7. J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier ?
J’ai menti à la question 5, mais en partie seulement.
Question subsidiaire : Si « être lu, c’est être caressé. » qu’est ce qu’écrire ?
Le narrateur de « Croire au merveilleux » dit cela, c’est vrai, en contemplant des femmes, l’été, en Italie, allongées devant la mer un livre à la main et tournant très lentement les pages… Si être lu c’est donc être caressé, écrire, pour moi, c’est davantage plonger. Pas un hasard si ce mot est si important pour moi. Plonger, c’est-à-dire entrer dans un univers qui est encore notre monde tout en étant différent. Un monde qui n’a pas tout à fait les mêmes règles que l’autre, et qui permet d’accéder à une autre réalité. Un monde où tout est beau, mais non sans dangers, et où parfois on manque cruellement de visibilité. Mais où l’on croise aussi des créatures fabuleuses. Quand on écrit, il faut aussi se soucier du niveau d’oxygène. Et savoir remonter à temps… En plus, généralement, pour des raisons de sécurité, on plonge à deux. La comparaison ne vaut-elle pas aussi pour la relation qui unit l’écrivain et le lecteur?
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