J’ai toujours aimé Erik Satie, sa musique toute en ruptures et répétitions. Stéphanie Kalfon dresse un très joli portrait de cet avant-gardiste incompris au génie musical sans précédent mais elle met aussi en lumière la vie de bohème, de sa misère aux exaltations créatrices salvatrices. Les parapluies d’Erik Satie est un premier roman dont vous vous souviendrez longtemps. L’auteure a eu le gentillesse de répondre à mes questions. Merci à elle.
- Comment êtes-vous venu(e) à l’écriture? D’où vous en vient l’envie ?
J’écris depuis toujours, depuis l’enfance, je ne passe pas un jour sans écrire, c’est une nécessité, comme de respirer ou d’ouvrir les yeux. - Quel est votre plus beau souvenir d’auteur ?
Nocturne, éreintée, fulgurant, chaque fois qu’une petite harmonie opère et que soudain l’écriture me permet de sortir du temps pour habiter ce lieu invisible qui mène partout et où se trouver c’est se perdre. Ces moments arrivent sans faire de bruit, ils sont nombreux, ce sont comme des compagnons, des amis. - Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas » ?
Je ne sais pas si ce qui nous caractérise, nous les humains, c’est d’en vouloir toujours davantage ou si c’est le plaisir de prolonger les choses, les continuer, les revivre, les retraverser, les faire siens… La littérature est comme la vie, elle s’écrit au pluriel. Pour moi, vie et écriture sont si inséparables que je ne peux pas penser l’une sans vivre l’autre. La littérature englobe la vie et réciproquement. Parfois, un moment vécu me paraît devenir davantage lui-même une fois qu’il est écrit, et je ne sais plus si je préfère sa version vécue ou écrite. Parfois c’est l’inverse : un bouleversement dans ma vie ne peut souffrir d’aucun mot posé sur lui. Il doit rester ainsi, muet. Mais choisir de ne pas le recouvrir de mots, ni le transformer, c’est toujours penser à la possibilité de la littérature en lui. L’une est l’ombre ou la lumière de l’autre. Question de saveur. - Quel livre aimez-vous offrir ?
« Ce que savait Maisie », de Henry James
- Quels sont vos projets littéraires ?
Un prochain roman.
- Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre ? Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Non.
- J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier ?
Ne me confiez jamais un parapluie, je suis incapable de ne pas l’oublier quelque part, de préférence dans un café …