Antoine Bello a publié 7 romans. Son dernier roman L’homme qui s’envola évoque la douloureuse équation entre réussite et liberté. Un roman coup de coeur pour moi.
Merci à l’auteur d’avoir à ces questions en attendant de lui en poser en vrai le vendredi 2 juin à 17h à la librairie Kléber de Strasbourg.
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- Comment êtes-vous venu(e) à l’écriture? D’où vous en vient l’envie?
J’écris depuis toujours. Après avoir pas mal donné dans le pastiche ou l’exercice de style, j’ai commencé à produire des textes plus personnels autour de vingt ans. L’envie ne se décrète pas. J’ai besoin d’écrire plus que je n’en ai envie, ce qui ne veut pas dire que je ressens pas une certaine jouissance à échafauder des constructions compliquées ou à imaginer de bons dialogues.
- Quel est votre plus beau souvenir d’auteur?
L’élaboration de mon roman Enquête sur la disparition d’Emilie Brunet. J’étais parti pour écrire une enquête policière, un hommage discret à Agatha Christie, et puis j’ai découvert de nouveaux ingrédients qui, chacun à sa façon, ajoutaient à la subtilité du récit : l’amnésie du narrateur, le fonctionnement du cerveau, la torture, les films d’Hitchcock, La lettre volée d’Edgar Poe. Ces quelques mois ont été une expérience intellectuelle unique, un feu d’artifice que je n’oublierai jamais.
- Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas »?
Quand j’avais 20 ans, j’étais convaincu que la littérature est supérieure à la vie. Depuis, j’ai précisé ma pensée. Les faits sont ce qu’ils sont, on ne peut pas les changer. La Bastille est tombée aux mains d’une foule en colère le 14 juillet 1789. L’interprétation qu’on fait de ces événements en revanche n’est nullement gravée dans le marbre. Les révolutionnaires (ce simple mot est déjà tellement lourd de sens) avaient-ils faim ? Cherchaient-ils à libérer un prisonnier en particulier ? À abolir la monarchie ? Chacun a sa lecture, qu’il appelle un peu vite la vérité. Personnellement, je ne crois pas à la vérité. Comme le disait Nietzsche, « les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges ».
Que la vérité n’existe pas n’empêche pas de la chercher. Et de ce point de vue là, oui, je pense que la littérature, l’art, le journalisme, sont les meilleurs outils d’investigation dont nous disposons.
- Quel livre aimez-vous offrir?
La grève, d’Ayn Rand (Atlas Shrugged, 1957), un roman-monstre sur le capitalisme et l’initiative humaines, révéré aux Etats-Unis et quasi-inconnu en France, où l’individualisme a si mauvaise presse.
- Quels sont vos projets littéraires?
Je viens de terminer un roman, très différent du précédent, l’histoire d’un imposteur pathologique dans la France des années 80.
- Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre? Souhaitez-vous ajouter quelque chose?
On me demande souvent quand la trilogie des Falsificateurs sera portée à l’écran. De nombreux producteurs s’y sont essayés. Aucun pour l’instant n’a réuni l’équipe ou les fonds nécessaires. J’espère que nous y parviendrons un jour.
- J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier?
J’aimerais écrire pour les adolescents, ce que les Anglo-Saxons appellent les young adults. C’est un âge charnière, de quête de soi, où les livres peuvent jouer un rôle capital.