Vincent Message : « Défaite des maîtres et possesseurs »

Vincent Message est un jeune auteur dont les romans s’intéressent l’évolution de la société. Il questionne les grands enjeux écologiques dans ce roman qui a été distingué par le Prix Orange du livre 2016.

Dans ce roman aux accents de fables et de conte d’avertissement, il imagine un monde où les humains ont perdu leur suprématie sur le règne animal à la faveur d’une autre forme de vie, venue d’ailleurs, mais qui fait fortement penser aux animaux eux-mêmes. Très vite, il est question de chaîne alimentaire et d’organisation de la société. Certains hommes comme le narrateur sont exploités pour leurs qualités intellectuelles et travaillent à la prospérité du système.

« Manger, ça n’a jamais été, pour nous pas plus que pour les autres, seulement se rassasier. C’est affirmer fort qui l’on est, où on se situe dans l’ordre du vivant. Manger de tout, comme nous mettons souvent un point d’honneur à le faire, c’est se placer au sommet et regarder les autres d’en haut. Quand on nous demande qui nous sommes, partant, nous avons le droit de répondre que nous ne sommes pas juste des nomades ; pas seulement des démons ; nous sommes ceux qui dévorent les hommes ; nous sommes, quoi qu’ils en aient, les nouveaux maîtres et possesseurs. »

J’ai été bousculée par le roman, qui sous les travestissements de la fable raconte le monde que nous polluons, détruisons à petit feu avec des innovations et de la consommation de masse qui ne sert à rien.  Mais il y a aussi des passages d’une vraie beauté où la nature émerge et lie les deux forces en présence dans le roman.

« Cette lumière d’après la pluie, dit-elle, c’est peut-être celle qu’elle préfère , parce qu’elle donne des contours aux choses même les plus ternes et les plus indistinctes. Elle dit cela, et la lumière est là pour moi aussi, soudain. Sans elle, je ne la verrais qu’à moitié. »

Un roman sur la prise de conscience écologique, un roman très bien écrit au suspense maîtrisé et entre les lignes, l’amour universel de la liberté et du respect de la vie.

« Est-ce que les hommes s’en voulaient, eux, de saloper la planète au nom de leurs appétits prétendument inextinguibles? Certains, sûrement, un peu, mais combien à vrai dire? Combien se sentaient responsables? Combien acceptaient de limiter leurs désirs? Combien n’en dormaient plus la nuit? »

Présentation de l'éditeur : "C’est notre monde, à quelques détails près. Et celui-ci notamment : les hommes ne sont plus maîtres et possesseurs de la nature. De nouveaux venus leur font connaître le sort qu’ils réservaient auparavant aux animaux. Malo et Iris mènent ensemble une vie frappée d’interdit par ces barrières qui séparent les espèces. Alors qu’elle est blessée, en attente d’une opération, il n’a devant lui que quelques jours pour tenter de la sauver."

Vincent Message, Défaites des maîtres et possesseurs, Points, février 2017, 240 pages, 7.10 euros

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