Eric Chevillard : « Ronce-Rose »

Eric Chevillard est un poète. Amoureux des mots, de leurs sens, il écrit avec une extreme précision. De cette précision naît une très belle ambiance, un peu suréelle, surannée, captivante. On sent qu’on est tout proche de la magie avec ce 39e livre.

Ronce-Rose m’a tout de suite évoqué Banche-Neige. L’auteur joue avec les codes du conte, les détourne, les réinterprète, les brise en faisant le choix du journal intime comme support narratif. Roman d’apprentissage où désapprendre est peut être le plus important, il y souffle un vent de folie douce, d’empathie douloureuse.

« Les questions les plus intéressantes, on n’a pas le droit de les poser. Mâchefer dit que les réponses me blesseraient, que j’en serais meurtrie comme une pêche dans un panier de coings et qu’il vaut mieux quelquefois ne rien savoir. Mais quand je tâte mon front, c’est dur, plus un coing qu’une pêche, mon pouce ne s’enfonce pas. Je l’ai dit à Mâchefer, que je préférais quand même connaître les réponses. Il m’a expliqué qu’il ne les avait pas toutes, que beaucoup de choses restaient mystérieuses. »

Quelle poésie et quelles trouvailles littéraires au fil des pages. Roman émouvant et innovant, au style bien marqué, j’ai aimé suivre cette petite fille Ronce-Rose qui tient son journal et par lequel le lecteur accède à une réalité trompeuse, sa réalité de coeur. Jouant avec la candeur, et les doubles sens, l’auteur crée une ambiance toute particulière où l’imagination est bel(le) et bien au coeur du roman.

Vif, tendre et improbable, ce livre possède un très fort potentiel pour vous surprendre et vous amener là où vous ne vous y attendez pas.
Coup de coeur !

Présentation de l'éditeur : "Si Ronce-Rose prend soin de cadenasser son 
carnet secret, ce n’est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu’il 
contient. D’après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse 
avec Mâchefer jusqu’au jour où, suite à des circonstances impliquant un 
voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d’or, 
ce récit devient le journal d’une quête éperdue."

Eric Chevillard, Ronce-Rose, Minuit, janvier 2017, 144 pages, 13.80 euros

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