Monica Sabolo : « Summer » #RL2017

Comment survivre à la disparition d’un être cher ? Comment apprivoiser l’absence et l’attente ? Pourquoi oublier et se souvenir ?

Monica Sabolo doit avoir un lien très particulier avec les fantômes. (Non, ne l’imaginez pas en ghostbusters ! ) Dans « Tout cela n’a rien à voir avec moi« , elle nous parlait d’un amour fantôme, de ses reliques et de son âge d’or. Dans « Crans Montana« , elle mettait en scène une constellation d’adolescentes se construisant à la recherche perpétuelle des limites de leur prison dorée.

Son nouveau roman « Summer » est hypnotique, énigmatique, il porte les accents de ses précédents livres mais se démarque par sa puissance, son élégance et sa chute. Il y est aussi question d’une disparue qui hante à la manière d’un fantôme les existences de ceux qui restent. J’apprécie toujours autant retrouver cette pudeur et cette délicatesse pour dire la gravité des existences volées.

J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix des lectrices de ELLE 2018, il est le livre sélectionné par le jury de septembre dans la catégorie « roman » et concoure donc pour le prix !

Monica Sabolo aurait pu être une sirène dans une autre vie tant sa description du milieu aquatique est juste, mystérieuse, poétique. Tout se déroule autour d’un lac, celui de Genève ce qui n’est pas sans me rappeler la magistrale série de Jane Campion « Top of the lake ». Ce lieu devient le symbole où les secrets s’enfouissent et se révèlent, où les drames se jouent en apnée. Il y a vraiment une ambiance très particulière et singulière, quelque chose de vrai, de sensible et de délicat, comme une confidence douloureuse. Le roman fonctionne par images, des flashs qui s’inscrivent au plus profond du lecteur.

« La vie secrète de Summer se déroulait ailleurs, pas dans les boites de nuit, pas dans le lit des garçons, elle vivait dans un autre monde, un lieu doux et retiré, fait de rêves et de solitude. Nous pouvions la voir, pas la rejoindre. Nous l’aimions. Nous l’adorions. »

Au cœur de ce roman, il y tout le chaos engendré par la disparation inexpliquée de Summer. Benjamin, son frère est hanté par l’absente, la disparue trop tôt d’une vie au vernis doré. C’est d’ailleurs par ses yeux que nous avons accès à toute l’histoire. La mère mi-hystérique, mi-neurasthénique tente de sauver les apparences. Le père adoptif, avocat de renom, fait jouer ses relations pour retrouver Summer sans succès et il tente tant bien que mal de protéger son fils de démons destructeurs.

Mais il y a surtout comme points de tension du livre, un énorme mensonge et un énorme secret. Le lecteur est tenu en haleine, le suspense dramatique et la fin juste magistrale et glaçante. On referme le livre secoué, ému et on sait déjà que l’attente sera longue jusqu’au prochain roman de cette auteure qui comme le bon vin, se bonifie avec le temps, prenant ampleur et force, gommant verdeur et sucrosité écœurante.

Il y a fort à parier que Monica Sabolo va nous plonger en été une bonne partie de l’automne et que ce livre va être reconnu d’un joli prix !

Présentation de l'éditeur : "Lors d’un pique-nique au bord du lac Léman, 
Summer, dix-neuf ans, disparaît. Elle laisse une dernière image : celle 
d’une jeune fille blonde courant dans les fougères, short en jean, 
longues jambes nues. Disparue dans le vent, dans les arbres, dans l’eau. 
Ou ailleurs ?
Vingt-cinq ans ont passé. Son frère cadet Benjamin est submergé par le 
souvenir. Summer surgit dans ses rêves, spectrale et gracieuse, et 
réveille les secrets d’une famille figée dans le silence et les 
apparences.
Comment vit-on avec les fantômes ? Monica Sabolo a écrit un roman 
puissant, poétique, bouleversant."

Monica Sabolo, Summer, Lattès, août 2017, 320 pages, 19 euros

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