Les romans de Sophie Lemp sont à fleur de mots.
Son premier roman, « Le fil » m’a conquise par son élégance fragile, sa délicatesse surannée. Avec ce nouveau roman, elle poursuit l’exploration de l’intime à résonance universelle en évoquant le divorce de ses parents. Magistral.
Pourquoi cette blessure, commune à tant d’enfants, est-elle si difficile à cicatriser ? Sophie Lemp ne répond pas directement à cette question mais ouvre la réflexion en dressant la liste des bouleversements que ressent l’enfant en pareille situation.
Avec tact et pudeur, l’auteure remonte le fil de ses souvenirs comme on tricote un pull trop grand pour protéger le corps d’un enfant triste. L’accro au calme d’une vie est vécu par la jeune femme tour à tour avec colère, apitoiement, tristesse mais toujours avec justesse.
» Il y a toujours une part de moi près de celui avec lequel je ne suis pas »
Nul doute que ce livre s’inscrit dans les livres de la réparation. Mais au-delà, de celle de l’auteure, il y a bien et bien une volonté de partage avec le lecteur et de reconstruction de l’enfance.
J’ai aimé retrouver les extraits du journal de la grand-mère qui constituaient déjà la matière première du précédent roman de Sophie Lemp. Cette mise en relief d’un bouleversement intime se trouve renforcé par ce double point de vue. Mais ne vous y méprenez pas, la simplicité est difficile à apprivoiser. L’auteure s’en tire haut la main en produisant un objet économe en mots mais énorme en terme d’émotions.
Un livre court, universel sur une blessure d’enfance mal cicatrisé.
Un livre tendre et acidulé comme un bonbon arlequin, avec plein de couleurs et beaucoup de cœur.
Présentation de l'éditeur : "« Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. » Sophie Lemp fête ses dix ans quand ses parents divorcent. Trente ans plus tard, c’est avec le regard d’une petite fille devenue adulte qu’elle revit cette séparation."
Sophie Lemp, Leur séparation, Allary, septembre 2017, 100 pages, 14.90 euros
j’ai apprécié aussi cette lecture, et j’ai ajouté Le fil que je n’ai pas lu sur ma liste d’envies!
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Le fil est bouleversant.
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