Que serait une rentrée littéraire sans Amélie Nothomb ? Je n’ose même pas l’imaginer ! Ce 26e roman est une bombe littéraire qui noue deux fils : la relation mère-fille et une exploration de la jalousie

Amélie Nothomb décrit les destins contrariés comme personne. Ses dialogues sont au sommet de son art, son érudition réjouissante et son regard sur nos travers juste au possible dans ce roman qui tire son titre d’un poème de Musset.

Après avoir adapté « Riquet à la houppe » et « Barbe Bleu », elle invente son propre conte dans « Frappe-toi le cœur ». Elle s’empare du genre, le cruélise copieusement en nous livrant une histoire de jalousie, de compromis et d’espoirs déçus.

« C’était donc cela, le sens, la raison d’être de toute vie : si l’on était là, si l’on tolérait tant d’épreuves, si l’on faisait l’effort de continuer à respirer, si l’on acceptait tant de fadeur, c’était pour connaître l’amour. »

De quoi rêvons-nous le plus sinon d’être aimé ? Amélie Nothomb en analysant les relations mère/fille décortique les liens amour/haine/jalousie/mépris avec maestria et une bonne dose de suspense.

Renonçant pour cet opus à une onomastique débridée, elle choisit de prénoms tels : Marie, Olivier ou Diane, tous trois néanmoins fortement symboliques. Ce roman s’inscrit dans une jolie mesure et une épure assez magique soulignée par des ellipses et un rythme syncopé mais toujours intelligible.

Un grand cru cet opus 2017, une histoire ordinaire et universelle servie par un œil de lynx et une plume de maître.

Présentation de l'éditeur : "« Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. » Alfred de Musset "

Amélie Nothomb, Frappe-toi le cœur, Albin Michel, août 2017, 180 pages, 16,90 euros