Arnaud Dudek a publié 4 romans. C’est par son dernier roman, Les vérités provisoires que j’ai découvert son univers délicat autour d’une disparition. Merci à lui d’avoir répondu à mes réponses.
- Comment êtes-vous venu(e) à l’écriture? D’où vous en vient l’envie?
L’écriture est arrivée assez tôt dans ma vie.
En primaire, je me suis essayé au tennis, réglant ainsi mes pas sur les pas de mon père, champion départemental de volée de revers. Le mercredi matin, je prenais des cours avec quelques camarades d’école, rêvant à mon futur classement A.T.P. (je raconte cette histoire dans les « lignes de suite » de mon précédent roman, Une plage au Pôle Nord). Et puis l’envie a disparu. Brusquement, comme souvent à cette âge-là (le lundi on veut faire de l’escrime, le mardi on se roule par terre pour obtenir un sabre ou un fleuret, le mercredi on entame une grève de la faim, le jeudi les parents se saignent les quatre veines pour vous acheter une tenue complète d’escrimeur, le vendredi on veut faire du judo, c’est bien connu). De toute façon, j’aimais le tennis mais le tennis ne m’aimait pas.
Quand je suis entré en sixième, un autre monde s’est ouvert à moi : grâce à un professeur, grâce au C.D.I. du collège, j’ai découvert la littérature. Agatha Christie, J.D. Salinger, Jack London… Je devais lire deux, trois livres par semaine à cette époque. Pire : je m’amusais tellement à raconter des choses avec mon stylo, en cours de français (ces fameuses rédactions, en classe ou à la maison, qui ne m’ont d’ailleurs pas toujours valu d’excellentes notes soit dit en passant : j’étais assez souvent hors sujet) que je continuais pour moi tout seul, pour le plaisir (scènes bonus de rédactions coupées au montage, en quelque sorte). Je pouvais passer des heures à taper avec un seul doigt sur le clavier du vieil Amstrad familial… Et puis, rédactions prolongées en tentatives de nouvelles, de nouvelles policières farfelues en nouvelles policières loufoques, j’ai fini par constituer une sorte de recueil, que j’ai fait imprimer par mon père, et fait envoyer au journal local. L’Est Républicain n’a rien publié, bien entendu. Mais cela m’a valu mes premiers encouragements : un chèque-lire d’une dizaine de francs, si ma mémoire est bonne.
- Quel est votre plus beau souvenir d’auteur?
Vingt-cinq ans après le chèque-lire, j’ai adressé à mon tour mes plus vifs encouragements à une élève de quatrième, qui m’a confié un début de roman. Que j’ai lu en pensant à moi, au moi collégien qui passait son temps à écrire… La boucle est belle, non ?
Sinon, dans un autre genre… Mon premier roman a été sélectionné pour plusieurs prix littéraires (je n’en ai gagné aucun, poisse). Juste après la cérémonie de remise du prix Roblès, à Blois, une vieille dame s’est approchée de moi. Minuscule. Aussi élégante qu’une duchesse anglaise. Elle m’a dévisagée, puis m’a lancé brutalement : « jeune homme, je n’ai rien compris à votre roman. Rester sage, je veux bien, mais votre histoire, ces personnages compliqués, non, vraiment, c’était sans queue ni tête. Mais je veux bien une dédicace. Pour mon petit-fils. Il ne lit pas mais je vais lui prêter votre roman. S’il y comprend quelque chose, il m’expliquera. »
- Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas »?
La littérature ne peut pas changer la société, mais elle peut changer des hommes. Elle peut consoler, elle peut même sauver des vies. Elle peut nous sauver du drame de ne pouvoir être que soi.
- Quel livre aimez-vous offrir?
J’ai beaucoup offert Le chameau sauvage, de Philippe Jaenada, et Epépé, de Ferenc Karinthy. Plus récemment, j’ai acheté pas mal de Bleu de travail, un recueil de poésie signé par mon camarade Thomas Vinau.
- Quels sont vos projets littéraires?
Un cinquième roman est en cours d’écriture. Je vois le bout du tunnel, même. Rendez-vous fin 2018 – enfin j’espère.
- Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre? Souhaitez-vous ajouter quelque chose?
Les vérités provisoires a été massivement soutenu par les blogueurs.euses littéraires. Cette interview est l’occasion idéale d’adresser un immense merci à : Lily lit, Sur la route de Jostein, Lyvres, Eirenamg, Les chroniques culturelles, Entre les lignes, Les lectures du mouton, Bricabook, Le tour du nombril, à vous Bénédicte, à ma chère Sabine du Petit carré jaune… Et j’en oublie sans doute, navré.
- J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier?
Ben… Non, en fait. J’aimerais garder une certaine part de mystère
Oooooh mais tellement gentil de me citer monsieur Arnaud ! Très chouette interview ! Et je le redis, « Les vérités provisoires » est un des plus beaux romans de l’année, il sera certainement dans mon top 10 en décembre !
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