Anna Hope : « La salle de bal » #RL2017 #GPdeslectricesELLE2018

Avec le rythme entêtant d’une valse, Anne Hope creuse le sillon de l’eugénisme dans l’Angleterre des années 1910. Il y a quelque chose de tourbillonnant dans la construction de ce roman, comme si le lecteur était pris dans une spirale dont il ne peut s’échapper avant d’être arrivé à son terme. C’est à la fois agréable mais aussi un peu contraignant et la sensation d’étouffement n’est jamais loin, accentuée par un rythme parfois trop lent.

J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix des lectrices ELLE 2018, il a sélectionné dans la catégorie roman pour le mois de février.

L’ambiance est bien décrite, les personnages attachants et complexes mais, parfois, le récit se perd un peu comme dans la répétition des journées et la description de la salle commune.

Le choix de la construction en roman choral apporte à la fois les points de vue nécessaires mais ralentissent aussi un peu, je trouve, la progression dans la narration quand le lecteur est amené à revenir sur les événements plusieurs fois.

Ella et  John sont beaux dans cet amour improbable comme un cri de vie. Le bonheur se conquiert, s’apprivoise et se cache dans cette histoire à la fois romantique et grave, dont les accents historiques contribuent à ancrer ce couple dans une sorte de mythologique. Ils deviennent alors des symboles de résistance qui défient le fatum incarné par le jeune docteur dont les troubles personnels resurgissent par ricochets dans la vie des autres.

« Être sage, Ella savait ce que c’était. Elle le savait depuis toute petite. Être sage, c’était survivre. C’était regarder sa mère se faire rouer de coups et ne rien dire pour ne pas y passer à son tour. Avoir la nausée parce qu’on était lâche de ne rien faire du tout. »

La force de ce roman réside dans les talents de conteuse de l’auteur et dans l’espoir qu’il distille. Une lecture prenante, douce-amère et pleine de reliefs.

Présentation de l'éditeur : "Lors de l’hiver 1911, l’asile d’aliénés 
de Sharston, dans le Yorkshire, accueille une nouvelle pensionnaire : 
Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait 
depuis l’enfance. Si elle espère d’abord être rapidement libérée, elle 
finit par s’habituer à la routine de l'institution. Hommes et femmes 
travaillent et vivent chacun de leur côté : les hommes cultivent la 
terre tandis que les femmes accomplissent leurs tâches à l’intérieur. 
Ils sont néanmoins réunis chaque vendredi dans une somptueuse salle de 
bal. Ella y retrouvera John, un «mélancolique irlandais». Tous deux 
danseront, toujours plus fébriles et plus épris.
 À la tête de l’orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. 
Séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des 
faibles d’esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades.Projets qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Ella et 
John."

Anna Hope, La salle de bal, Gallimard, août 2017, 400 pages, 22 euros

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