Un prénom épicène, kesako ? Amélie Notomb donne le ton de son roman dès le titre qui évoque ces noms qui peuvent être à la fois masculin et féminin. Dès lors, on s’imagine aisément qu’il sera question de dualité et d’identité. Préparez-vous à être surpris !
« – Nous portons des prénoms épicènes.
– Epicènes ? Je ne connaissais pas ce mot.
– Ben Jonson, un célèbre contemporain de Shakespeare, a donné ce titre à l’une de ses pièces. Il en a fait le nom de la femme parfaite. »
Dans ce roman, on retrouve les thématiques chères à la Dame au chapeau : famille, enfance, amour et haine, mensonge et revanche. Claude et Dominique donne naissance à Épicène, une jeune fille qui sera le pivot de cette histoire, otage malgré elle d’une situation qu’elle n’a pas choisie et que je ne peux pas vous expliquer davantage sous peine de vous déflorer l’histoire.
Découvrir un texte d’Amélie Nothomb, c’est avoir à chaque fois l’impression de retrouver une vieille amie au discours poli, efficace, qui possède ce don de rendre vivant des personnages non pas par des descriptions à la Proust mais par cette intelligence de l’enchaînement de scènes et la force symbolique de situations qui dynamisent les dialogues.
Ici, point d’oiseau, mais un poisson qui m’était jusqu’alors inconnu : le cœlacanthe, mastodonte des mers qui vit dans les profondeurs et « qui a le pouvoir de s’éteindre pendant des années si son biotope devient trop hostile : il se laisse gagner par la mort en attendant les conditions de sa résurrection. » Tout est symbole chez l’auteure belge.
Ce roman s’éloigne de sa série sur les contes de fées mais renoue avec cette obsession : tuer le père. Tout un poème donc cet opus que j’ai beaucoup aimé et qui pose la question de la folie amoureuse, de la colère et de l’héritage parental.
Présentation de l'éditeur: "« La personne qui aime est toujours la plus forte. »"
Amélie Nothomb, Les prénoms épicènes, Albin Michel, août 2018, pages, 17.50 euros
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