Ouvrir un livre de Léa Wiazemsky c’est la promesse de vivre des émotions fortes tout en délicatesse. Encore une fois, je me suis faite happer par la mélodie de l’auteure qui nous entraîne dans une histoire intergénérationnelle, qui n’est pas sans rappeler son premier roman Le vieux qui déjeunait seul que j’avais tant aimé.
Ce troisième roman confirme l’immense talent de l’auteure qui a très probablement hérité de quelques gènes de l’écriture de sa maman Régine Deforges. Toutes les deux ont cette douceur de la description qui entraîne le lecteur au cœur d’une communauté de personnages aux liens forts. Comme si tout recommençait pose la question des liens invisibles entre les êtres et de ceux qui perdurent après la mort, de la transmission intergénérationnelle.
Une réflexion sur le temps qui passe se dégage aussi du roman mettant en perspective les échéances réelles (la mort) et les échéances spéculatives (la possibilité d’enfanter). L’urgence de vivre se croise ainsi à la fois chez Barbara, une femme approchant de la quarantaine qui va être mise face à la réalité de son histoire d’amour bancale et chez les pensionnaires d’une maison de retraite d’Antibes. Les deux mondes vont se télescoper dans la recherche d’un apaisement et d’une renaissance.
« Je m’appelle Barbara, je ne crois plus en l’amour, plus au bonheur, et je vais passer mon temps avec des gens qui ont tout cela derrière eux. L’ironie du sort… »
Les personnages de la maison de retraite sont adorables, vraiment au sens premier du terme : on ne peut que les aimer. J’ai apprécié passer du temps avec eux, devenant tour à tour mes grand-parents d’adoption. Tous cachent de terribles secrets, les secrets d’une vie en prise avec les désillusions, la guerre, l’amour qui s’échappe. Alain, Bernadette et Raymond, Claire m’ont profondément émue. J’ai l’impression de les connaitre sans les avoir rencontrés !
Un roman doux profond et inspirant sur les choix avec cette certitude que la vie nous réserve de belles surprises pour peu qu’on lui en laisse la chance.
Présentation de l'éditeur : "Pour ses 40 ans, Barbara n'a qu'un souhait : que son compagnon lui " offre " cet enfant qu'elle désire plus que tout. Mais à quelques jours de son anniversaire, il la quitte pour une autre. Désespérée et convaincue de devoir faire le deuil de l'amour et de la maternité, Barbara plaque tout, direction Antibes. Malgré sa détresse, elle a suivi les conseils de sa meilleure amie et postulé au poste de directrice d'une résidence pour personnes âgées, que contre toute attente elle a obtenu. Au contact de ses nouveaux pensionnaires, elle découvre une lumière, une force de vie qui l'aideront à comprendre qu'il n'est jamais trop tard pour être heureux."
Léa Wiazemsky, Comme si tout recommençait, Michel Lafon, mai 2019, 319 pages, 16,95 euros
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