Amélie Nothomb revient comme chaque année avec un nouveau roman. Le vingt-huitième, « Soif » est très probablement le plus audacieux puisqu’elle raconte une histoire que tout le monde connaît : celle de la Passion du Christ.
» J’ai su que le pouvoir logeait juste sous la peau et qu’on y accédait en abolissant sa pensée. J’ai donné la parole à ce que, désormais, j’appellerais l’écorce t je ne sais pas ce qui s’est passé. Pendant un temps insurmontable, j’ai cessé d’exister. »
Amélie Nothomb se glisse dans le peau de Jésus pour raconter à la première personne du singulier ses derniers jours sur Terre : de son procès à sa résurrection. C’est brillant et assez déroutant. On retrouve tout le charme et le peps de l’écriture de l’auteure belge qui excelle encore une fois dans les dialogues. Si l’on connait cette histoire par cœur, Amélie Nohtomb nous l’éclaire avec son acuité et délivre des échanges entre les personnages, des pensées de Jésus (en particulier sur toute la notion de pardon, de souffrance) qui prennent tout leur sens dans le monde moderne
Une longue réflexion sur la soif, sur ce manque qui permet de s’extraire à soi et grandir, paradoxalement se déroule également, durant tout le roman. Amélie poursuit aussi son exploration des liens familiaux. Ici, le lien père-fils.
« Comment s’étonner que la soif mène à l’amour ? Aimer, cela commence toujours par boire avec quelqu’un. »
Que les fans se rassurent, le mot fétiche « pneu » apparaît bien dans cet opus ainsi qu’un autre très beau que vous aurez surement plaisir à employer au quotidien : le pétrichor. Kesako ? C’est l’odeur de la terre après la pluie, cette odeur si particulière que va sentir Jésus de ses geôles.
Et si ce livre était celui de la reconnexion non seulement à l’invisible mais aussi au corps et à ses sensations ?
Un roman exceptionnel.
Présentation de l'éditeur : « Pour éprouver la soif il faut être vivant. »
Amélie Nothomb, Soif, Albin Michel, août 2019, 162 pages, 17.90 euros
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