« Il est des images qu’on garde à l’abri, dans le creux de nos cicatrices. »
Ce premier roman d’Alexandra Koszelyk est un cri. Un cri d’amour. On y regrette le fatum, on y espère l’apaisement, on y cherche une réparation. Un roman d’une grande maturité stylistique au service d’une histoire poignante.
Ce roman est porté par deux personnages forts en symbole et en émotion, Léna et Ivan, deux adolescents que l’on suit sur 20 ans. Il envoûte, bouscule, charme par son style délicat et ciselé. Pas un mot de trop, pas une larme superflue.
Tchernobyl dont le nom seul évoque une catastrophe est humanisée au paroxysme. Champs de ruines aux fantômes hagards, la ville incarne le souvenir des racines à jamais perdues comme autant de petites capsules temporelles que l’on feuillette comme un album photo jauni par les ans.
« Souvent la dernière attention, un dernier geste ou regard n’est pas pris au sérieux. On ne sait jamais quand celui-ci arrive, personne n’y prend garde, l’instant glisse sur nous et s’échappe. Mais quand le dernier instant se fige, quand on sait qu’il portera le nom de dernier, alors l’instant revient et perfore l’inconscient. Si j’avais su… »
Roman sur la force des racines et la valeur des promesses adolescentes c’est avant tout un énorme coup de cœur.
« Les livres n’étaient pas seulement des outils pour apprendre le français ou pour s’évader: ils comblaient cette absence qui la dévorait et étaient un pont de papier entre les rives de ses deux vies. La lueur d’une bougie blèche au fond d’une caverne. »
Présentation de l'éditeur : "Tchernobyl, 1986. Lena et Ivan sont deux adolescents qui s’aiment. Ils vivent dans un pays merveilleux, entre une modernité triomphante et une nature bienveillante. C’est alors qu’un incendie, dans la centrale nucléaire, bouleverse leur destin. Les deux amoureux sont sépares. Lena part avec sa famille en France, convaincue qu’Ivan est mort. Ivan, de son côté, ne peut s’éloigner de la zone, de sa terre qui, même sacrifiée, reste le pays de ses ancêtres. Il attend le retour de sa bien-aimée. Lena grandit dans un pays qui n’est pas le sien. Elle s’efforce d’oublier. Un jour, tout ce qui est enfoui remonte, revient, et elle part retrouver ce qu’elle a quitté vingt ans plus tôt."
Alexandra Koszelyk, A crier dans les ruines, Aux Forges de Vulcain, août 2019, 240 pages, 19 euros
Un commentaire sur « Alexandra Koszelyk : « A crier dans les ruines » #RL2019 »