Coup de projecteur sur les sorties de la rentrée littéraire 2016

rentrée littéraire 2016

© Bénédicte Junger

Le magazine professionnel Livres Hebdo annonce 560 publications : des romans, des recueils de nouvelles (français et traduits). Entre la mi-août et fin octobre, un incroyable nombre de livres va tenter de trouver son lectorat. Pas évident de s’y retrouver! Voici une liste toute personnelle de romans que j’ai, pour quelques-un, eu la chance de lire cet été et d’autres que je brûle de découvrir.

Préparez-vous à une pluie de chroniques dès le 16 août!

(Les livres chroniqués auront un lien actif vers l’article au fur et à mesure des publications.)

Lire la suite de « Coup de projecteur sur les sorties de la rentrée littéraire 2016 »

Publicité

Citation de la semaine

La citation de la semaine

« Il y a deux sortes d’amour manquées. Celles qui n’ont jamais commencé, et dont on ne connaîtra jamais les regrets. Et les pires, celles qui n’ont commencé qu’après avoir fini – et qui n’en finissent pas de mourir sans que nous ayons pu les vivre jusqu’au bout. »

Harold Cobert in Lignes brisées

« Temps livre » ou les romans de votre été

été 2015

Voilà, c’est l’été! L’été tant attendu synonyme de vacances, de « temps livre ».
Souvent c’est le manque de place dans vos valises qui influence le choix du volume, par sa taille et son poids.

Voici une sélection de livres légers en poids mais gonflés en émotions!

Bel été !

  • Thomas B. Reverdy, Les évaporés, Livre de poche, 2015

→ Pour voyager sur votre serviette
Un roman entre Japon et Etats-Unis qui aborde un phénomène de société dramatique au pays du soleil levant : la disparition volontaire d’adultes.

  • David Foenkinos, La délicatesse, Folio, 2010

→ Pour séduire sans en avoir l’air
Une Nathalie rencontre un François; ils s’aiment; il meurt; elle est triste; son patron la drague avec lourdeur; c’est un Markus qui emporte la mise; mais Markus est laid et c’est un problème pour les autres. Nathalie, elle, est sous le charme de sa délicatesse. Drôle et profond.

  • Yves Grevet, La maison (t1 Méto), Pocket jeunesse, 2013

→ A piquer à ses enfants
Saga en 3 tomes. Une dystopie incroyable où plus que jamais la liberté est au cœur des enjeux.

  • Delphine Bertholon, Grâce, Le livre de poche, 2013

→ Pour ne pas prendre de baby-sitter
Diablement bien construit un roman mi-polar, mi-psychologique où les secrets de famille éclatent avec fantômes et fracas. Le passé finit-il toujours par nous rattraper?

  • Grégoire Delacourt, La liste de mes envies, Le livre de poche, 2013

→ A prêter à sa belle-mère
Argent, rêves et bonheur font-ils bon ménage ? Une fable douce amère pour se recentrer sur l’essentiel.

  • Serge Joncour, U.V., Folio, 2007

→ Pour profiter du soleil
Serge Joncour manie les ficelles d’un huis clos et fait monter la tension au fil des pages. Le soleil va-t-il révéler la vraie nature de Boris aux riches habitants de cette villa avec vue sur mer ?

  • 13 à table, Pocket, 2014

→ A lire par petits bouts
Treize nouvelles autour de la thématique du repas pour Les restau du Cœur. Rassemblant de jolies plumes ce recueil est riche grâce à la diversité de nouvelles qu’il propose allant du drame, au fantastique en passant par le feel’s good book.

  • Haruki Murakami, Kafka sur le rivage, 10/18, 2009

→ Pour s’évader
Construit comme un miroir entre deux destins, ce roman d’initiation mêle traditions occidentales et sagesse de l’empire de soleil levant. Une expérience de lecture dont vous sortirez changé, plus sage ou plus audacieux.

  • Michel Bussi, N’oublier jamais, Pocket, 2015

→ Pour réveiller le détective qui sommeille en vous
Avec pour décor d’incroyables falaises, ce roman policier vous emmène aux confins de la vérité et de la manipulation. Une énigme haletante pour un drame original.

  • Romain Puértolas, L’incroyable voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA », Le livre de poche, 2015

→ Pour rire
Un roman complètement déjanté, léger et vif, avec un fakir dont le péripéties rocambolesques vous donneront envie de tourner les pages.

  • Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, Folio, 2015

→ Pour pleurer
24H de la vie d’un cœur. Un roman poignant et fort sur la mort mais aussi la vie.

  • Benjamin Constant, Adolphe, Pocket, 1998

→ Pour réviser ses classiques
Roman de l’amour romantique par excellence, « Adolphe » vous entraîne au plus profond des sentiments et de l’humain.

  • Muriel Barbery, Une gourmandise, Folio, 2002

→ A dévorer
Un ancien critique gastronome au seuil de la fin de sa vie nous confie ses petites épiphanies gourmandes. Plaisir des sens et du ventre comme autant de petites pépites à déguster!

  • Harold Cobert, Le rendez-vous manqué de Marie-Antoinette, Le livre de poche, 2012

→ Pour changer d’époque
Un rendez-vous secret pour changer le cours de l’histoire. Une écriture classique et prenante fait de ce roman un agréable moment de lecture au cœur de la monarchie.

  • Yannick Grannec, La déesse des petites victoires, Pocket, 2014

→ Pour se cultiver
Une plongée dans les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXe siècle. Menée comme une enquête par une jeune documentaliste qui rencontre la veuve du grand homme, un roman passionnant de la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre ; de l’Anschluss au maccarthysme ; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire.

  • Sophie Adriansen, Max et les poissons, Nathan poche, 2015

→ Pour échanger en famille
L’histoire se déroule en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Max est un enfant comme les autres, il a des rêves pleins la tête et ne veut que passer son temps à rire, jouer et s’amuser. Mais voilà, ce petit garçon est juif et doit porter une étoile. Un livre très adapté pour aborder la seconde guerre mondiale, les camps en France et le travail des Justes pour les enfants à partir de 9 ans.

Chut un secret avec Harold Cobert

secrets d'écrivains par bénédicte junger

Harold Cobert est un auteur à la plume vive et profonde, parfois grave. Le drame intérieur ou collectif n’est jamais loin mais toujours traité avec pudeur et douceur. Son dernier roman Lignes brisées m’a beaucoup touchée. Il viendra en parler à la médiathèque de la Robertsau mardi 17 novembre 2015, en attendant,  merci à lui d’avoir répondu à ce petit questionnaire!

harold cobert

1. Comment êtes-vous venu à l’écriture? D’où vous en vient l’envie?

Suite à un accident de surf où j’ai failli rester tétraplégique, quand j’avais 20 ans. Je voulais écrire, mais j’étais un peu comme les vaches qui passent leur vie à regarder les trains filer vers des destinations inconnues en se disant : « Un jour je prendrai le train », sauf qu’elles restent toute leur vie dans leur pré. Lorsque j’étais en convalescence, un ami m’a offert une anthologie du jeu d’échecs, que je pratiquais alors beaucoup. Un fait divers rapporté par un témoin de l’époque m’a fasciné, j’en ai fait une nouvelle qui a été primée dans plusieurs concours, et je n’ai plus cessé d’écrire. Ma venue à l’écriture est un accident qui s’est répété.

2. Quel est votre plus beau souvenir d’auteur?

Le soir où Héloïse d’Ormesson m’a fait un texto pour me dire qu’elle aimait le manuscrit de Un hiver avec Baudelaire, dont personne ne voulait. Tatiana de Rosnay, avec qui j’avais sympathisé lors de salons où j’étais allé pour mon premier roman chez Lattès, lui avait passé le texte qu’elle avait beaucoup aimé. Elle a harcelé Héloïse pendant des semaines, j’avais peur qu’elle me déteste avant même de m’avoir lu ! Au bout de six mois, Tatiana a dit à Héloïse, un vendredi, que si elle ne m’avait pas lu pour lundi, elle ferait passer mon texte à d’autres éditeurs. Le dimanche soir, je discutais avec une amie scénariste sur mon téléphone fixe, je lui disais notamment que le texte en question ne serait jamais publié, qu’il était sans doute mauvais, lorsque j’ai reçu un texto d’un numéro inconnu. C’était Héloïse qui m’écrivait que mon roman lui plaisait et qu’elle m’appellerait le lendemain pour en parler avec moi. J’étais tellement heureux et excité que je n’en ai pas dormi de la nuit de peur de manquer son appel.

 3. Que pensez-vous de cette citation de Fernando Pessoa « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas »?

J’inverserais plutôt la proposition. Si vous prenez les Grecs et Shakespeare, tout a été dit, et pourtant on continue d’écrire. J’y vois plutôt la preuve que, vu la complexité et la richesse de l’existence, la littérature ne suffit pas pour exprimer la vie.

4. Quel livre aimez-vous offrir?

Cela dépend des moments, de mes propres lectures. Lorsque j’ai lu un livre qui m’a enthousiasmé, j’aime l’offrir comme on offre un bouquet de fleurs ou une bonne bouteille de vin.

 5. Quels sont vos projets littéraires?

Je travaille actuellement sur un « roman monstre » pour la rentrée littéraire d’août-septembre 2016, qui sera publié par la nouvelle éditrice en charge de la littérature française chez Plon, Lisa Liautaud. Mais je ne peux pas vous en dire plus…

6. Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posé à laquelle vous auriez aimé répondre? Souhaitez-vous ajouter quelque chose?

Pourquoi avez-vous attendu autant de temps pour m’inviter à Strasbourg ? ;-)

7. J’allais oublier… avez-vous un secret à nous confier?

Chut !

Harold Cobert : « Lignes brisées »

harold cobert

Présentation de l'éditeur : "Gabriel, auteur à succès, se rend à Bruxelles pour la promotion de son nouveau roman, Lignes brisées. À cette occasion, il revoit son amour de jeunesse, Salomé, désormais parlementaire européenne. Depuis leur rupture, Gabriel n’a de cesse de vouloir la reconquérir. Sauront-ils combler les années de silence ? L’amour, nourri de souvenirs et de chassés-croisés, a-t-il une chance de renaître ?
Nostalgie de l’adolescence, ironie du destin, Harold Cobert revisite le thème des rendez-vous manqués. L’histoire inachevée de Gabriel et Salomé, éducation sentimentale d’un siècle désabusé, se déploie au fil des pages de ce roman en abyme."

 « Nous ne sommes que des adolescents, pourtant, le drame qui se joue sous des apparences de vaudeville va me pourrir la vie jusqu’à aujourd’hui. »

C’est l’histoire d’un rendez vous entre Salomé et Gabriel amoureux à l’adolescence dont l’histoire n’a duré que deux mois mais qui a bouleversé leurs vies. Quinze ans plus tard, Gabriel est devenu un brillant auteur à succès mais n’a jamais pu oublier cet amour d’adolescence. Harold Cobert hypnotise par sa musicalité, sa fragilité mais aussi sa force et son acuité. Avec ce court roman, il emporte son lecteur dans une valse lente entre les ombres du passés et les espoirs de demain. Est-il possible de rattraper le temps perdu ?

« A l’origine, rien ne nous destine à nous rencontre, encore moins à nous aimer. Nos vies sont aux antipodes l’une de l’autre. Nos débuts ressemblent à notre séparation. Ce n’est que la deuxième fois que tout a commencé. »

J’ai aimé l’intertextualité entre le roman aux pages cornées de Gabriel et le déroulement de l’histoire, qui apporte à la fois profondeur à la narration et légèreté à l’intrigue. L’omniprésence de la danse classique offre une réelle douceur aux pages qui s’envolent et que le lecteur pend plaisir à tourner.

Harold Cobert, Lignes brisées, Héloïse d’Ormesson, mars 2015, 125 pages, 15 euros