Jour 23 : Maylis de Kerangal : « La vie voyageuse »

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Présentation de l'éditeur : "Ariane Malauzier travaille pour la revue L'Archiviste, spécialisée en généalogie. Elle enquête sur le puzzle des origines d'autrui. Le cul-de-sac d'une vie bien réglée, en apparence. Jusqu'à ce que sa vénérable tante Jeanne, dame à chapeau et tailleur Chanel, lui propose de retrouver Ignacio Torres, exilé espagnol qui fut l'éphémère et secret amant de sa jeunesse guindée. Selon le principe des vases communicants, ce périple fait remonter à la surface un autre mirage sentimental.
 Ce livre d'aventures intimes dessine une errance identitaire mélancolique et sensuelle, proche de la géographie sentimentale de certains films d'Antonioni. Dans ce retour sur soi de la mémoire amoureuse, rien de linéaire. Tout n'est que détour et éternel retour, flash-backs prémonitoires et incertitudes rétrospectives, à l'image du désordre intérieur de l'héroïne."

La vie voyageuse est le deuxième roman de Maylis de Kerangal. Elle y parle d’amour, de regrets et de temps qui passe trop vite avec son ton et son style reconnaissables entre mille, ses phrases longues et enveloppantes, sa capacité de description si juste.

Maylis de Kerangal entremêle deux histoires d’amour. De ces histoires dont on ne se remet jamais vraiment, elle en fait une mélopée émouvante qui touche à l’universel. Il y a l’histoire de sa tante, Jeanne, qui la missionne à la recherche de son amour de jeunesse perdu et l’histoire de la narratrice, Ariane qui se voit dérouler un fil intime familial et démêler des liens avec ses propres démons et le souvenir de Marc.

« Alors j’y pense sans relâche. Marc au loin, Marc en mer, Marc qui a passé Cape Town et qui remonte le long des côtes d’Afrique. Marc à la passerelle écoutant l’étrave s’enfoncer dans la nuit, Marc bercé par le bruit des machines, Marc codant un message sur le fax, Marc en escale à Zanzibar, prenant une chambre dans un hôtel à la splendeur lépreuse, et qui fera l’esseulé, le romantique, me téléphonant un soir, depuis un hamac tendu sur une terrasse encore chaude. Je pense à toi ma belle, je pense à toi. Absence de Marc. Nuit dans la nuit. Main qui court sur la pierre. Au fond, ce n’est pas y penser. C’est sans effort et sans douleur. c’est une trace secrète que je caresse par intermittence. C’est un territoire clandestin. Je l’explore sans rendez-vous. J’y déambule des nuits entières jusqu’à ce que les images issues de ma mémoire forment un kaléidoscope liquide et soyeux qui me tourne la tête. »

Ce roman est d’une grande beauté par ses métaphores et son rythme à la fois rapide et lent suivant qu’il épouse les souvenirs ou le temps présent. Ignacio Torres, le bel hidalgo, pianiste au sang chaud hante la mémoire de Jeanne. L’enquête pour le retrouver est longue et surprenante pour Ariane, elle l’a ramène sur des territoires anciens, des géographies intimes perdues.

« Il s’appelait Ignacio Torres et Jeanne l’aimait depuis qu’elle aimait. C’était là toute l’histoire. Ô pur mystère, ineffable sentiment, toi et moi ad vitam eternam… »

L’offrir à : des ami(e)s, des ados, des romantiques.

Maylis de Kerangal, La vie voyageuse, Verticales, février 2003, 160 pages, 16.90 euros

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