Muriel Barbery : « Un étrange pays »

« Un étrange pays » de Muriel Barbery c’est la promesse d’un moment de lecture hors du temps et des géographies connues. Mais quel est donc cet étrange pays qui donne le titre au roman ? Le pays des elfes, déjà évoqué dans le tome 1 ? Le pays des hommes où rien ne semble tourner rond ? L’auteure intrigue et entraîne son lecteur dans une expérience littéraire déboussolante et lumineuse. Dans un étrange pays peuplé par des elfes où la guerre menace aussi (une guerre d’usure se déroule depuis plusieurs années dans un monde qui ressemble étrangement au nôtre mais ne l’est pas vraiment), le fantastique côtoie le merveilleux, la magie joue avec les brumes, le thé et le vin unissent les hommes et les elfes, et la nature murmure son ode poétique au respect du vivant. Les descriptions de la nature sont magnifiques, vibrantes, vivantes et laissent cette impression d’être au cœur d’un tableau et non pas devant.

Dans ce roman,  c’est par les yeux d’étrangers que le lecteur va prendre connaissance des mœurs d’un monde qu’ils découvrent. Mais s’il y a un peu de Candide parfois, il y a surtout beaucoup d’humour. Petrus, l’elfe mi-héros mi-Pierre Richard, truculent et inspiré y est pour beaucoup. Mais au delà, de l’exploration d’un univers si particulier et d’une reconnaissance de notre monde, une des questions centrales du roman qui dessine et de savoir si Petrus parviendra à sauver le monde des elfes et des hommes. La poésie et la beauté seront-elles suffisantes à unir et sauver l’humanité ?

« Peut-on imaginer une vie qui ne connaisse ni fables, ni romans, ni légendes ? Il faut y endurer sans répit le fardeau d’être soi, il n’y a pas de distance entre la conscience et le rêve, pas d’échappatoire à la vérité nue, mais grande en retour est l’extase de vivre dans l’intime gloire des choses. »

Conte fantastique, roman d’aventure, petit traité philosophique, le roman de l’auteure de « L’élégance du hérisson » enchante, envoûte et murmure les secrets d’un monde perdu où il est si agréable d’aller rêver.
« Un étrange pays » peut se lire indépendamment du tome 1 « La vie des elfes » mais si on les lit dans le bon ordre, on prend un plus grand plaisir de lecture.

J’ai beaucoup aimé me plonger dans cette géographie inconnue, entre gravité et fantaisie, entre éveil au monde sensible à la beauté intérieur. J’ai quitté à regret, Petrus et ses amis, Jésus et Alejandro, Maria et Clara.

Présentation de l'éditeur : "Qui est Petrus, cet affable rouquin surgi de nulle part dans la cave du castillo où Alejandro de Yepes et Jesús Rocamora, jeunes officiers de l’armée régulière espagnole, ont établi leur campement? Voici que dans la sixième année de la plus grande guerre jamais endurée par les humains, ils sont appelés à quitter leur poste et à traverser un pont invisible. Bientôt, ils découvrent le monde de Petrus, ses brumes, son étrangeté, sa grâce. Ils arpentent ses chemins de nature, s’émerveillent de son harmonie et connaissent l’ivresse de la rencontre avec des êtres insolites. Cependant, dans cet univers légendaire qui lutte contre le désenchantement, le conflit fait rage aussi et la dernière bataille approche. Personne ne sait encore lequel, du meurtre ou de la poésie, l’emportera en cet étrange pays où se joue le destin des vivants. 
Entre conte et roman, Un étrange pays célèbre un monde perdu confronté aux tourments perpétuels des civilisations."

Muriel Barbery, Un étrange pays, Gallimard, janvier 2019, 400 pages, 22 euros

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