Présentation de l'éditeur : "Claudine, Mona, André, le petit Maurice récitant des poèmes, il bambino Bruno, Bernadette en chignon ou Alexandre le virtuose, ce sont eux les corps fragiles, et beaucoup d’autres. Des corps qui saignent, s’embrasent, se dérèglent ou s’épuisent, des corps qui, au gré d’une médecine impatiente, pourront être secourus ou sauvés. Derrière les draps froissés, ce sont autant de destins qui se livrent à Marie-Antoinette, première infirmière libérale de Lyon. Armée d’un prodigieux optimisme, passant d’une maison à une autre, elle soigne les gens, les écoute, calme leurs angoisses, les accompagne, les guérit parfois."
Isabelle Kauffmann ne soigne pas seulement pas dans son métier qu’elle exerce mais aussi lorsqu’elle prend la plume comme dans ce 4e roman. Les corps fragiles questionne la relation soigné / soignant dans sa fragilité mais aussi dans sa beauté.
Ce roman est l’histoire d’une rencontre entre deux femmes. L’auteure du roman a en effet rencontré Marie-Antoinette, la première infirmière de Lyon. De leurs échanges est né ce roman kaléidoscope construit de souvenirs et de projections mais toujours reliés à une partie du corps d’où tout né et par laquelle tout s’explique.
La relation soigné / soignant est abordée avec tendresse par Isabelle Kauffmann qui souligne à la fois l’abnégation des professionnels médicaux mais aussi la reconnaissance des patients. L’auteure pousse aussi plus loin en pointant les solitudes urbaines et les défis sociétaux à relever.
« Le corps n’est pas un havre de paix, mais un monde frémissant en perpétuel remaniement, qui s’infecte, s’intoxique, se dérègle, se laisse envahir, déformer, écraser, gonfler, déchirer. Il se fatigue, s’use, il vieillit. »
Le personnage charismatique de Marie-Antoinette apporte beaucoup d’humanité au roman. L’effet est d’autant plus contrastant avec les passages où l’auteure décrit les pathologies des malades.
Ce roman est un vibrant hommage aux infirmières mais il est aussi un moment de lecture plaisant et même drôle par moments. Ouvrez la bouche et dites oui à ce roman tendre et engagé.
Isabelle Kauffmann, Les corps fragiles, Le passage, septembre 2016, 144 pages, 15 euros
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