Jean-Baptiste Andrea : « Cent millions d’années et un jour » #RL2019

« On devient paléontologue parce qu’on aime les histoires. Pour en raconter à soi et aux autres. »

Quel est le dernier livre que vous ayez lu qui vous ait cueilli(e)s ? Moi, c’est celui-ci.
Un livre de poussière et de neige, de traces du passé proche ou lointain et de cette incroyable folie qui est de croire en ses rêves.

Ce qui frappe d’emblée c’est la poésie et le souffle de magie qui se dégage des premières pages, un sentiment diffus que l’on tient là un livre différent de tous ceux que l’on a côtoyé ces derniers mois. L’impression se confirmera bien vite puisque je l’ai lu en une journée.

Techniquement, c’est un livre construit, aboutit, alternant passé et présent. Des phrases courtes, des descriptions percutantes et poétiques. Il y a également des jeux de miroir, des échos inversés comme le fait que Stan essaye de découvrir des traces du passé alors que ses racines sont bancales et malmenées. Émotionnellement, c’est une plongée en apnée dans les cicatrices de l’enfance et dans les possibles d’une vie.

La langue est merveilleuse à la fois simple et scintillante, imagée, riche de métaphores. On dirait des formules secrètes transmises avec amour et passion pour perpétuer un monde perdu.

Jean-Baptiste Andrea convoque les mêmes thématiques que dans son premier roman « Ma reine » : des amitiés impossibles, au sentiment de différence mais il les passe cette fois au fin tamis des sensations et des réminiscences d’un adulte qui se souvient de son enfance.

Stan, Stané, Ninon, Fossil man, Stanislas sont autant de déclinaisons identitaires pour camper le personnage principal de ce roman. Personnage kaléidoscopique mais ô combien sympathique, ce doux rêveur de paléontologue nous embarque dans une histoire digne des contes de fées. Il partage la tête d’affiche avec un dragon, symbole des forces de la nature. Mais les chimères doivent elles toujours être attrapées pour nous libérer de leur emprise ?

Avec un talent de conteur incroyable, des descriptions de la nature sous la chaleur du Sud de la France, ou le silence blanc d’un glacier, l’auteur nous emmène dans un véritable voyage sensoriel et sensible. Témoin d’une expédition dans une vallée encaissée pour retrouver un dragon à jamais endormi, le lecteur accompagne Stané, Umberto et son jeune stagiaire ainsi qu’un guide de haute montagne taiseux. Les deux tiers du livre se déroulent dans ce huis clos soumis aux éléments, au temps qui passe, à la morsure du froid et à la folie des possibles.

« Cent millions d’années et un jour » est un roman d’aventure, de l’enchantement, des murmures et des cris, des peut-être et des toujours. Un roman bouleversant qui reconnecte au monde essentiel des sensations et des espoirs.

Présentation de l'éditeur : "Une expédition paléontologique en pleine montagne où chaque pas nous rapproche du rêve et de la folie. Après le succès de "Ma reine", un deuxième roman à couper le souffle. 1954. C’est dans un village perdu entre la France et l’Italie que Stan, paléontologue en fin de carrière, convoque Umberto et Peter, deux autres scientifiques. Car Stan a un projet. Ou plutôt un rêve. De ceux, obsédants, qu’on ne peut ignorer. Il prend la forme, improbable, d’un squelette. Apato- saure ? Brontosaure ? Il ne sait pas vraiment. Mais le monstre dort forcément quelque part là-haut, dans la glace. S’il le découvre, ce sera enfin la gloire, il en est convaincu. Alors l’ascension commence. Mais le froid, l’altitude, la solitude, se resserrent comme un étau. Et entraînent l’équipée là où nul n’aurait pensé aller. De sa plume cinématographique et poétique, Jean-Baptiste Andrea signe un roman à couper le souffle, porté par ces folies qui nous hantent."

Jean-Baptiste Andrea, Cent millions d’années et un jour, L’Iconoclaste, août 2019, 320 pages, 18 euros

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